PENMARC'H PENDANT L'OCCUPATION 1940/1944
Certains d'entre vous me l'ont demandé. Je vais donc tenter de vous faire toucher du bout du doigt de petits morceaux de cette période si dense de notre histoire, même si ce site reste un site consacré à la carte postale ancienne ... et non un site à ambition historique ! Merci pour votre indulgence.
ARRIVEE DES ALLEMANDS AU CAP CAVAL
"Nous pensions que les Allemands ne viendraient pas là, où il nous semblait qu'ils n'avaient rien à y faire : Ils arrivèrent par camions le 20" nous dit Auguste Dupouy.
Le 20 Juin 1940, après avoir traversé la France, les Allemands finirent leur Guerre Eclair en Pen ar Bed, à Saint Guénolé en Penmarc'h. Ils arrivèrent en même temps que les doryphores, et tels des doryphores ils vont dévaster nos côtes et nos campagnes. Ils en garderont le surnom.
INSTALLATION DE L'ARMEE ALLEMANDE
Tout ce qui était Allemand était alors militaire, affecté à l'ordre et à la défense du pays conquis :
Dès le 20 juin, fut ordonné par l'Abshnittscommandant Fritz Jahn de "mettre les pendules à l'heure" d'été Allemande, à savoir avancer les montres d'une heure.
Les lieux industriels et énergétiques du département passèrent sous la "protection" immédiate de la Werhmacht.
Un Dispositif Militaire de Défense fut mis en Place dans les lieux stratégiques. Il consistait à disposer ça et là, dans les campagnes et le long de la côte, quelques postes équipés d'armement "léger" et à déployer, un peu partout, des garnisons et cantonnements pour la soldatesque.
Le 20 Juin encore, juste avant la signature de l'Armistice, une liste des interdits ("Verboten") fut affichée un peu partout. Cette proclamation, quasi identique sur tout le territoire occupé, régissait les droits et les devoirs des habitants vis à vis de l'Armée Occupante et de la République Française de Vichy. Elle va obliger les habitants à respecter des règles qui vont profondément modifier leur mode de vie.
Le 22 Juin, l'Armistice est signé entre l'Allemagne et la France respectivement représentées par le Generalfeldmarschall Wilhelm Keitel, Chef du Haut Commandement Allemand et les plénipotentiaires du Gouvernement français : Le Général d'Armée Charles Huntziger (né à Lesneven, Finistère), l'Ambassadeur de France Noël, le Vice-Amiral Leluc et le Général de l'Air Bergeret.
La Convention d'Armistice délimita une ligne de démarcation séparant la zone occupée Allemande de la zone "libre" Française, dont la capitale se trouvait à Vichy.
Dans la nuit du 23 au 24 Juin 1940, le " Notre-Dame de Bon Conseil " appareille de Kérity pour l'Angleterre avec 8 personnes à son bord .
En 1941, une "zone interdite" suivant le littoral du Nord au plein Sud-Ouest était imposée aux habitants. Cette zone était affectée d'interdits et de contraintes supplémentaires.
C'est le 23 Mars 1942 que la directive 40 "Kustenverteidigung" (Défenses Côtières) donna le coup d'envoi de la construction de l'Atlantikwall (Mur de l'Atlantique). Un Mur qui ne sera jamais complètement achevé et qui devait protéger les territoires annexés d'une invasion libertaire.
Le dispositif militaire fut essentiellement dévolu à ce Mur de l'Atlantique. Penmarch était un petit maillon de la stratégie de défense côtière mise au point par le FeldMarchal Erwin Rommel.
Drapeau de campagne
Les trois armes de la Wehrmacht étaient représentées dans ce dispositif :
- La "Heer" (Armée de terre)
- La "Luftwaffe" (Armée de l'air)
- La "Kriegsmarine" (Marine de guerre) .
Leur organisation était de type pyramidal.
Les postes de Défense Côtière du secteur Quimper / sous secteur Plogastel Saint Germain étaient nommés Qu (comme Quimper) suivis d'un numéro d'ordre. Voici la situation des Défenses Côtières établies dans la Commune de Penmarc'h dans les années 1942 / 1944.
Poste Qu 40 / La Torche :
La Presqu'ile de la Torche (Beg an Dorchenn-Pointe du coussin) se situe à l'extrême sud de la Baie d'Audierne, au Nord de Saint Guénolé.
La casemate principale servant de PC était semi-enterrée et abritait un canon d'au moins 75mm tourné vers la baie. Un hangar abritait deux canons mobiles de la PAK, ("Pakartillerie" ou Artillerie anti-chars) qui pouvaient être déplacés, côté Baie d'Audierne ou Pors Carn.
Il y avait également un tobrouk (petite casemate) enterré côté Baie (T3) et six autres tobrouks armés de mitrailleuses, dont un orienté côté Pors Carn (T7).
Le cantonnement des soldats était assuré par un logement (H) situé à proximité immédiate de la casemate principale.
Trois lignes de barbelés et deux champs de mines séparés par le chemin d'accès, finissaient de protéger les terres de la pénétration de l'envahisseur...
Les 15 et 22 Juin 1944, dans les dunes du bord de mer situées à quelques centaines de mètres au Nord de la Torche, 15 hommes de Lesconil ont péri, fusillé par les Allemands.
Poste Qu 41 / Saint Guénolé :
Saint Guénolé abritait une compagnie de cavalerie de la Heer.
"La Wehrmacht était représentée à Saint Guénolé par une troupe de cavalerie qui se livra bientôt à des exercices d'embarquement et de débarquement en vue de l'invasion de la Grande Bretagne. Elle s'était emparée du beau bateau de sauvetage dont elle ne prenait guère soin. La saison était magnifique, la navigation pas encore trop gênée par la Kommandantur, et nous croisions parfois en mer ces rameurs novices. Nus sous le soleil jusqu'à la ceinture, ils nous exhibaient, en vérité, de beaux bustes, mais on ne pouvait guère prendre au sérieux ces novices en les regardant manier leurs avirons... " nous dit Auguste Dupouy (Juillet 1940).
Un canon anti-char de 47mm servi par des canonniers de la Kriegmarine, protégeait la partie Sud de Saint Guénolé, la Joie et le Phare. La partie nord n'avait pas besoin de protection, la côte étant trop dangereuse; seul existait un poste d'observation "intermittent" au Viben, tenu par la Gast (La douane) et ouvrant sur la côte. Pour ceux qui connaissent le Breton ce nom de Gast a d'ailleurs quelque-chose de savoureux dans la mesure où il signifie "Putain"...
Le poste de St Guénolé était aussi (comme maintenant, d'ailleurs) un haut lieu touristique pour l'occupant.
Au Trou de l'Enfer © JL Guégaden
Tourisme «au Musée Préhistorique» © C. Le Corre
Poste Qu301 / Saint Pierre :
Les occupants établirent leur Feldkommandantur à l'Hôtel du Phare d'Eckmuhl, construit par Charles Miroux, gérant de l'Usine Amieux.
7 soldats furent affectés au Sémaphore et au Phare dès le 3 Août 1940. Ils creusèrent des tranchées dans la cour du Phare et s'installérent dans les logements de fonction des gardiens.
Ils faisaient partie de la "Luftwaffe Feld Divisionen" (Divisions de Campagne de la Luftwaffe) pour la pièce de Flak "FLieger Abwehr Kanone" et de la Kriegsmarine pour l'installation Radio et la surveillance côtière depuis le sémaphore, puis aussi pour la partie Radar installée en 1944.
Un nid de mitrailleuses avait pris place sur la côte à l'est du port.
Vous trouverez ici une photo aérienne de la pointe de St Pierre prise le 15 mai 1943 par un avion de reconnaissance de L'US Air Force.
En Août 1943, le phare et sa salle des machine furent minés, ce qui fit craindre le pire aux habitants.
Lors de la débâcle, les soldats n'envisageaient pas de partir sans faire sauter un petit quelque-chose... C'est uniquement l'Hôtel du Phare d'Eckmühl qui en fit les frais, au grand soulagement des Penmarchais.
Photos de groupe de la garnison étoffée présente à St Pierre en 1942. On y remarque les 3 corps d'armée : Wehrmacht, Kriegsmarine et Luftwaffe.
En haut du phare (25-09-1940) © JL Guégaden
Poste Qu 42 / La Joie :
Un poste de surveillance, au Nord de chapelle, était équipé de mitrailleuses.
Poste Qu 43 / Kérity :
Comme à Saint Pierre, un nid de mitrailleuses avait pris place sur la plage du Steir à l'est du port.
Penmarc'h bourg :
L'école des filles était utilisée comme garnison.
Penmarc'h - Dans la cour de l'école des filles
© JL Guégaden
Penmarc'h - Dans la cour de l'école des filles
© JL Guégadenn
3 Photographies Allemandes avec le même intitulé au verso :
"Zur erinnerung an den fliegerawherlehrgang in Penmarsch (Atlantik) September 1941." (En Souvenir de la formation à la défense anti-aérienne à Penmarc'h (Atlantique) Sept. 1941)
Penmarc'h - Dans la cour de l'école des filles
© JL Guégaden
Tourisme «Préhistorique» au menhir l'«Évêque»
de Kerscaven en Penmarc'h © C. Le Corre
Tourisme «Préhistorique» au menhir de «la Vierge»
de Kerscaven en Penmarc'h © C. Le Corre
Tourisme «Préhistorique» à l'entrée du tumulus
de Poulguen en Penmarc'h© C. Le Corre
Poste Qu 44 / Poulguen :
C'est à Poulguen que logent les "élèves" de la "Flakartillerieschule" (Ecole d'artillerie anti-aérienne) de la Luftwaffe et de la "Pakartillerieschule" (Ecole d'artillerie anti-chars) de la Heer. C'est une école de taille importante.
Un canon anti-char 50mm KwK était situé en bordure de la plage du Steir côté Guilvinec.
C'est à proximité de cette pièce d'artillerie, à 1500m à vol de mouette du "Chateau" du Steir-Poulguen, qu'a eu lieu l'exécution des Martyrs de Poulguen.
Photographie Allemande avec intitulé au verso :
"Mein ehemalige "Ausbilder" Wm Köppel Pennmarch März 1942"
(Mon ancien instructeur l'Adjudant Köppel Penmarch Mars 1942)
Poste Qu 45 / Langourougan :
C'est le terrain d'entraînement de l'école. Il se trouve immédiatement au sud du Qu 44.
On y trouve 3 pièces de Flak et un canon anti-char, KwK de 50mm probablement.
Une ligne de défense légère protège ce terrain d'apprentissage.
Les élèves de la "Flakartillerieschule" auront l'occasion de faire quelques cartons en réel lors du passage des bombardiers alliés en mission sur Lorient. Preuve qu'ils avaient encore de gros progrès à faire, ils ne touchèrent fort heureusement aucun avion...
Photo-montage
A Lestriguiou - Men Lann Du se situait le PC du 800ème bataillon de Nord-Caucasiens. Ces troupes étaient constituées de volontaires prélevés dans les camps de prisonniers du Front de l'Est. Les officiers Allemands des "Osttruppen" (Troupes de l'Est) et des "Ostlegionen" (Légions de l'Est) avaient une confiance limitée en leurs sous-officiers et hommes, peu motivés, frustes, des hommes que l'on évitait de trop armer (on est jamais trop prudent...).
Ils aidaient notamment les commandos Todt à construire les bâtiments de l'"Atlantikwall". Ces Caucasiens terrorisaient la population qui affublaient leurs sous-officiers de diminutifs révélateurs :
Ar Bleiz (Le Loup), An norc'h (Le Cochon), ...
Ostlegionen ©Maier-Bundesarchiv
Pour l'anecdote, une dernière photographie. Le photographe l'a intitulée :
"Stand II - Penmarch Marz 1942"
(Poste 2 - Penmarch Mars 1942)
Probablement une annexe des Qu 44 et 45, ce poste Qu 502 ou Stand 2, se trouvait à l'extrémité Est du Steir, à Men Meur : C'est la roche de Corbouc en Guilvinec...
Pour finir, ce système militaire comportait également des poste d'installations de radio et de radars :
- Penmarc'h : Un Poste FuMO comportant un radar type FuMO 3 Calais Zerstörer (Zerstörerdrehsäule) accompagné d'un poste FuSAn comportant une installation radio type Y-Peiler.
- La Madeleine : Un Poste FuMG comportant une antenne de radio-navigation aérienne type FuSE 80 Freya A/N Egon accompagné d'un poste FuSAn comportant une installation radio type Y-Peiler.
- Kerellec : Un poste FuSAn comportant une installation radio type Y-Peiler.
- Lescors : Un poste FuSAn comportant une installation radio type Y-Peiler.
FuMo 3 Calais
FuSE 80 Freya
Y-Peiler
MANOEUVRES A PENMARC'H
En Mars 1942, des exercices de manoeuvre réunissent Flak et Pak sur la plage du Steir.
Au verso d'une des photographies Allemandes :
"Mit meinen alter Haufen am Schiessplatz Penmarch März 1942" (Avec mon ancienne unité sur la place de tir de Penmarch)
© JL Guégaden
© JL Guégaden
© JL Guégaden
© JL Guégaden
© JL Guégaden
A cette occasion, hommes et matériel sont de revue sur la plage du Steir.
© JL Guégaden
© JL Guégaden
© JL Guégaden
Une autre manoeuvre organisée au steir (non datée) :
© JL Guégaden
© JL Guégaden
© JL Guégaden