Phares de Penmarc'h et d'Ouessant
Lors de la perte du Savoyard, le 26 octobre 1903, quelques journalistes se sont alarmés du nombre de naufrages initiés par une confusion entre les phares d'Ouessant (Phare du Créac'h) et de Penmarc'h (Ancien phare puis phare d'Eckmühl). Naufrages du Sancta-Maria, du Stereden, du René et d'autres probablement, dont les victimes n'étaient plus « assez en vie » pour témoigner de cette confusion.
Journal Ouest Éclair du 30 octobre 1903
LA TEMPÊTE
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LE NAUFRAGE DU "SAVOYARD"
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Quimper, 29 octobre. — Les naufragés du Savoyard ont été dirigés hier vers leur quartier par les soins de l'administration de la marine qui leur a fourni les premiers secours nécessaires à leur rapatriement. Seul le marin blessé, Adolphe Rousset matelot, 22 ans, de Trégon, n'a pu quitter Tréguennec où son état le retiendra de trois semaines à un mois.
La malheureuse jeune femme enlevée par la mer, Mme Hauchamp, 28 ans, femme du capitaine, de Dinan, laisse une petite fille.
Ainsi que nous l'avons dit hier, l'infortuné capitaine Hauchamp avait pris le phare d'Eckmühl pour celui d'Ouessant-Creac'h et était allé briser son navire sur Plovan, croyant entrer en pleine Manche, fait qui s'était déjà produit pour le trois mâts Sancta-Maria, en mars 1897, le dundee Stereden, en février 1900 et la goélette René, en octobre 1901.
La direction des phares et balises devrait bien prendra des mesures pour éviter de pareils malheurs.
La Junon, de Granville, arrivée à Belle-Île, a aussi beaucoup souffert de la tempête et a eu grand peine à doubler la pointe de Penmarc'h.
Le Phare d'Ouessant
Le phare d'Ouessant est un phare de 1er ordre, bâti à la pointe du Créac'h et inauguré le 20 décembre 1863.
La hauteur totale du phare est de 55 mètres par rapport au sol et de plus de 74 mètres au dessus du niveau des plus hautes marées d'équinoxe.
En 1895, le phare du Créac’h a une portée supérieure à 34 milles (par nuit claire), c’est à dire plus de 63 kilomètres.
Il est reconnaissable à ses deux feu blancs à éclats de fréquence 10 secondes.
Le Phare de Penmarc'h
En 1897, le phare d'Eckmühl a une portée supérieure à 23 milles (par nuit claire), c'est à dire plus de 43 kilomètres.
La Commission des phares
En 1825, un rapport remis à la Commission des Phares, contient l'exposé du système retenu pour éclairer les côtes de France. Ce système pose comme principe qu'un navire longeant les côtes de France ne doit jamais perdre de vue un phare dit « de premier ordre » (ou grand atterrage).
Feux et couvertures
Et alors ?
On voit bien que le phare d'Ouessant (Le Créac'h) ne peut être confondu avec celui de Penmarc'h (Eckmühl), de par son nombre de feux et leur fréquence d'émission différents.
On peut cependant imaginer que, par mauvais temps, par situation stressante, les deux feux consécutifs du Créac'h soient ramenés à un seul et que le temps estimé entre deux éclats soit mal évalué... amenant à confondre Penmarc'h et Ouessant. Avec beaucoup d'imagination et/ou de désinvolture...
C'est pour minimiser ce genre de mésaventure, que le commandant est aidé d'un officier en second, à qui il peut demander son avis en cas de doute ou de situation extra-ordinaire. Une attitude interrogative aurait évité bien des drames...