1874 : L'assassinat de Bertrand Bodéré (suite 3 et fin)
                                       Après le procès...

Journal la Gazette des tribunaux, article du 14 Avril 1875

La gazette reprend l'article du journal Le Finistère du 10 avril. Cependant, en fin d'article, elle précise  :

../.. On nous annonce que le jury a signé un recours en grâce en faveur de la femme Bodéré.


Journal le finistère, article du 29 mai 1875

Par décision du 25 courant, la peine de mort prononcée par la cour d’assises du Finistère, le 8 avril dernier, contre la femme Bodéré, reconnue coupable des crimes d’empoisonnement et d’assassinat sur la personne de son mari, a été commuée en celle des travaux forcés à perpétuité.
Cette nouvelle a été communiquée à la femme Bodéré et on en est encore à ignorer quelle impression elle en a ressentie. Elle quittera la prison de Quimper aujourd'hui pour être conduite à la maison centrale de Rennes où elle subira sa peine. On sait que les femmes condamnées à la peine des travaux forcés à perpétuité ne sont envoyées à Cayenne* que si elles le demandent.


Note KBCP :
(*) En 1875, les femmes ne sont plus déplacées à Cayenne mais en Nouvelle-Calédonie

Qu'est devenue Marie-Jeanne Bodéré ?

Marie-Jeanne Bodéré, veuve Bodéré est donc graciée le 25 mai 1875 par le Président Mac-Mahon pour cause de suspicion de déficience mentale. La grâce est commutée en peine de travaux forcés à perpétuité. 

Elle décida de purger sa peine en métropole.
Peut-être ne souhaitait-elle pas retrouver Le Goff en Nouvelle-Calédonie ?


Maison Centrale des femmes de Rennes © Mary-Rousselière


Marie-Jeanne Bodéré meurt un an plus tard, le 18 août 1876, à la maison Centrale des femmes de Rennes, à l’âge de 24 ans.


Qu'est devenu Jean Le Goff ?

Jean Le Goff a été écroué le 8 avril 1875 sous le n° 1708.
Puis il est transféré au Dépôt de Brest le 5 mai 1875.
Le 1er septembre 1875, il embarque sur le transporteur pénitentiaire « Le Rhin », direction l'Île d'Aix pour y embarquer d'autres forçats emprisonnés à St Martin-de-Ré.


Trois mâts mixte « Le Rhin »

Départ des forçats pour la Nouvelle Calédonie © Bergevin

Le 6 septembre, c'est le grand départ pour la Colonie Pénitentiaire de Nouvelle-Calédonie. Escale à Dakar (Sénégal) puis Santa-Catarina (Brésil). À l'approche des côtes Brésiliennes, les forçats tentent une évasion. Celle-ci échoue.
Jean Le Goff débarque au bagne de l'Île Nou (face à Nouméa) le 30 janvier 1876 après 146 jours de mer. Il y est enregistré sous le matricule 7663.


Bagne de l'Île Nou © W.H.G.


Bagnards de Nouvelle Calédonie © L.J. 

Il s'évade le 11 février 1886. Repris, il est condamné à 5 ans de double chaîne.
Le 30 octobre 1891, il est accusé de refus de travail après sommation. Il est acquitté par le Tribunal Maritime Spécial.


Fiche du bagnard Jean Le Goff (ANOM - Archives Nationales d'Outre-Mer)

En 1899, le reste de sa peine (perpétuité) est commuée en 20 années de travaux forcés.
Il meurt à 50 ans le 24 avril 1907 après 32 ans de bagne.1


Note KBCP :
(1) Où : Au travail ? À l'hospice ? Impossible de savoir, car le Journal Officiel de la Nouvelle Calédonie n'est pas consultable à la BnF (année 1907 manquante)