La Grippe Espagnole à Penmarc'h

Jusqu'au XIXème siècle, on considérait que la grippe (toutes souches confondues) apparaissait 3 fois par siècle. Le XXème siècle a rompu cette "règle" à cause du développement des communications, de l'augmentation de la population et de la densification des populations urbaines.

La grippe de 1918-1919

Le premier cas de cette grippe est apparu dans le camps d'entraînement de Funston à Fort Riley (Kansas, USA) le 4 mars 1918.

Fort Riley - Kansas © R.O. Thomen

Fort Riley Kansas - Soldats et Building du EH 5 MOTC.


Des malades de la grippe espagnole soignés dans un hôpital près de Fort Riley,
au Kansas, USA (1918) © AP Photo, National Museum of Health

Les jeunes recrues Américaines débarquées en Avril à Rouen, Bordeaux et Brest emmenèrent le virus avec eux, un virus très contagieux qui ne tarda pas à s'étendre. Le virus a été ensuite importé en Grande-Bretagne, puis est retourné aux États-Unis, en Italie et enfin en Allemagne, au gré des mouvements de troupes.

Arrivée des Sammies au port de Brest © US Army

Défilé des Sammies dans Brest © US Army

Après leur arrivée à Bordeaux en avril 1918, les soldats Américains répendent la contagion sur le front. 

En mai, le contingent Américain qui débarque à Brest continue de répendre le virus. À Brest, sur 9.000 soldats Américains débarqués, 2.000 sont infectés par le virus. Le 24 septembre, un régiment chargé de gérer le camp américain de Brest-Pontanézen comptait 1 200 grippés sur 3 000 hommes. Le 8 octobre, 4000 soldats sur 10 000 débarqués du «Leviathan» sont malades. 

La promiscuité régnant dans les casernements militaires, sur le front ou sur les navires de la marine, aident à la propagation rapide du virus «Américain» auprès des soldats et marins, Français et alliés. 

Soldats Français - Un abri sur le front.

Marins Français - Le repos après la soupe

En ces temps de guerre, soldats et marchandises circulaient à travers la France, favorisant les risques de contamination virale. Les permissions effectuées dans le monde civil furent aussi un vecteur important de propagation de la maladie dans les grandes villes et dans la France profonde. Le personnel soignant civil fut évidemment touché, aidant le virus à se propager parmi la population Française.
 

Soldats Français- Permissionnaires

Personnel soignant et malades

En ce printemps 1918, la guerre entre belligérants est dans une phase critique. Personne ne veut informer la population sur l'étendue de l'épidémie, qui ferait perdre le moral aux civils et aux militaires et donnerait de l'espoir à l'ennemi.

Seule l'Espagne, qui elle n'est pas en guerre, en parle librement et informe de l'avancée de l'épidémie sur son territoire. Ainsi, la grippe Américaine devient...Espagnole et le restera pour la postérité.

La grippe dite «Espagnole»

La Grippe espagnole est une grippe A, sous-type de la souche H1N1, et dont le foyer officiel est l'état du Kansas.

L'épidémie s’est déroulée en trois vagues  :

  • la première vague, dite printanière, est très contagieuse mais relativement douce (mars à août 1918).
  • la seconde, dite automnale, beaucoup plus agressive (septembre à novembre 1918). Le virus aurait-il muté ?
  • la troisième, dite hivernale, moins intense (décembre 1918 à mai 1919). Le virus craindrait-il le froid ?

Graphique de la mortalité due à la grippe Espagnole (1918-1919)

L'activité du virus faiblit considérablement en 1919, malgré un pic en février et mars 1919.

Après une faible activité tout au long de l'année 1919, le virus semble s'éteindre après l'hiver 1919-1920.

Le Center for Disease Control ou CDC (USA) avance le chiffre de 50 millions de morts, alors que l'Institut Pasteur (France) reste plus prudent et annonce une fourchette de 20 à 50 millions de morts. (Les dernières évaluations sérieuses parlent maintenant de 100 millions de morts à l'échelle mondiale) 

En France, le premier cas de grippe Espagnole a été relevé entre les 10 et 20 avril 1918 à Villers-sur-Coudun (Oise), près de Compiègne.

Les sympômes de la maladie

Les symptômes principaux de la maladie sont la fièvre et les maux de tête. La maladie est souvent accompagnée de grosses complications, telle la pneumopathie bactérienne. Les malades mouraient par asphyxie, par insuffisance respiratoire...
Bizarrement, la population la plus touchée fut celle des 20 à 35 ans. Une mortalité principalement due à une réponse immunitaire excessive due à la vitalité des organismes de ces jeunes gens en pleine maturité. Enfants et personnes âgées ont été largement plus touchés par la grippe, mais leur taux de mortalité est bien inférieur.


La lutte contre la Maladie

En 1918, il n'existait aucun moyen de soigner les ravages de la pneumopathie bactérienne. Le seul «traitement» alors administré aux malades consistait à leur faire avaler des boissons chaudes et à leur offrir calme et repos. 

Les publicités mensongères faisaient florès, vantant les remèdes de pseudo docteurs, des «médicaments»  miraculeux, des potions parfaitement inefficaces. Seuls des antibiotiques auraient pu soigner tous ces malades. Or, le premier antibiotique, la péniciline, n'a été utilisé qu'à partir de 1941. 


la propagation de la Pandémie

À l'automne 1918, l’Académie de médecine recommanda la fermeture des lieux publics (théâtres, cinémas, écoles, etc...) ainsi que la désinfection des lieux et transports publics. Recommandation ne signifie pas obligation et peu de préfets, sous la pression des commerçants et des politiques, vont franchir le pas car le gouvernement minimise les ravages de la pandémie sur le peuple de France : Pas question de divulguer à l'ennemi des informations alarmantes qui leur donnerait quelque espoir de victoire... Certains ont même loué l'efficacité du virus pour tuer la population militaire et civile ennemie, et ainsi apporter plus rapidement la victoire ! Le combat cesserait faute de combattants...

À l'époque, la population ne connaissait pas les schémas de propagation du virus. La notion de confinement n'était pas vraiment connue et trop peu de personnes portaient des masques «anti-germes» efficaces. 

Opératrice téléphonique © Getty Images, Topical Press Agency


Masque de protection anti-grippe © Getty Images, Topical Press Agency

Les hôpitaux se consacraient principalement aux soins des soldats blessés et ne disposaient que peu de lits pour les malades de la grippe Espagnole. Pas de vaccins, pas d’antiviraux, pas d’antibiotiques : la médecine était impuissante face à cette maladie contagieuse très virulente.

Hopital civil de Paris © Edward A. D. Rogers-AP-SIPA

Un hôpital de soin de la grippe Espagnole © Ouest France

Les ravages de la pandémie ont commencé à s'atténuer à partir de l'hiver 1918-1919 pour disparaître après l'hiver 1919-1920, presque deux ans après l'armistice... 

Selon les dernières évaluations sérieuses, la pandémie mondiale a tué 500.000 Français. La première guerre mondiale en a tué 1,4 millions.



« Une tragédie dans la tragédie : la grippe espagnole en France (avril 1918-avril 1919)» par Pierre Darmon. https://www.persee.fr/doc/adh_0066-2062_2001_num_2000_2_1982 

National Library of Medicine « La pandémie de grippe espagnole en Europe occidentale (1918-1920) et l'âge des victimes »

https://pmc-ncbi-nlm-nih-gov.translate.goog/articles/PMC5779284/?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=rq


Personnaliser

Google Analytics

Google Analytics est un service utilisé sur notre site Web qui permet de suivre, de signaler le trafic et de mesurer la manière dont les utilisateurs interagissent avec le contenu de notre site Web afin de l’améliorer et de fournir de meilleurs services.

Facebook

Notre site Web vous permet d’aimer ou de partager son contenu sur le réseau social Facebook. En l'utilisant, vous acceptez les règles de confidentialité de Facebook: https://www.facebook.com/policy/cookies/

YouTube

Les vidéos intégrées fournies par YouTube sont utilisées sur notre site Web. En acceptant de les regarder, vous acceptez les règles de confidentialité de Google: https://policies.google.com/privacy

Twitter

Les tweets intégrés et les services de partage de Twitter sont utilisés sur notre site Web. En activant et utilisant ceux-ci, vous acceptez la politique de confidentialité de Twitter: https://help.twitter.com/fr/rules-and-policies/twitter-cookies