LE NAUFRAGE DE L'ANTOINETTE - APRÈS LE NAUFRAGE
Dès le lendemain, le 7 janvier à 8 heures 30 du matin, un télégramme arrive sur le bureau des armateurs à Nantes : « NAVIRE ECHOUE BAIE AUDIERNE - EQUIPAGE SAUVE APR7S ABANDON REMORQUEUR - BOUTIN. » Charles Simon et Lucien Duteil, sont atterrés. Incrédules, ils attendent de plus amples information.
Vers 1 heures 15 de l'après-midi, les sémaphoristes de St Pierre les renseignent sur l'état du navire : « NAVIRE ECHOUE SUR SABLE - DEBOUT A TERRE - PARAIS PAS SOUFFRIR - MATURE TOUTE HAUTE - POSSIBILITE RENFLOUER PREMIER BEAU TEMPS. » Charles et Lucien reprennent espoir. C'est sans compter sur le mauvais temps. Sous l'effet de la marée, des vagues et du vent, elle pivote et s'oriente parallèlement à la côte, offrant son flanc tribord aux assauts de la mer.
Le 8 janvier, 10 heures du matin, les armateurs reçoivent un télégramme du capitaine Boutin : « ADMINISTRATEUR JUGEANT NAVIRE RENFLOUABLE - OBJETS DE VALEUR SAUVES - DOIS JE CONSERVER EQUIPAGE DESCENDRE CONTRE PILLEURS - REPONSE SAUPIQUET 1 PENMARCH - BOUTIN. »
Le 9 janvier, M. Foulfouin, fondé de pouvoir et actionnaire de l'armement Simon & Duteil, arrive au Grand Hôtel de St Guénolé (Marot propriétaire) et sans plus attendre se rend à Tréguennec, chez l'épicier Lautrédou, où il rejoint le Capitaine Boutin. Ils partent sur le champs visiter le navire.
Pendant la nuit, et à la faveur de la pleine mer, le navire a changé de place et se présente maintenant par le travers. L'état du navire est très inquiétant.
À 4 heures 30 de l'après midi, M. Foulfoin informe ses associés à Nantes depuis la Poste de Plonéour-Lanvern : « APRES 5 HEURES DE VOITURE - TEMPS ABOMINABLE - IMPOSSIBLE TELEPHONER - ANTOINETTE ECHOUE GREVE DE TREGUENNEC LOIN TOUTE COMMUNICATION - PLUS MAUVAISE POSITION QUE SUPPOSAIS - TEMPETE CETTE NUIT SEMBLE AVOIR CAUSE VOIE EAU - PONT OUVERT - PARTIE EMBARCATION BRISEE - PREND BEAUCOUP GITE - SAUVETAGE PARAIT MOINS FACILE - TOUT CAS SEMBLE IMPOSSIBLE AVANT GRANDE MAREE - SERAI DESIREUX QUELQUUN COMPETENT VINT SE RENDRE COMPTE - DESCENDRAI PONTLABBE OU PRENDRAI VOITURE POUR TREGUENNEC - CONSERVE EQUIPAGE - CHRONOMETRES DIFFERENTS OBJETS SECURITE - COMMENCONS DEMAIN SAUVETAGE CORDAGEZ VOILES MATERIEL PONT - ADRESSE TELAGRAMME LETTRES BUREAU RESTANT PLONEOURLANVERN - LETTRE SUIT. »
Un autre télégramme envoyé par M. Le Dépensier, courtier Brestois de la compagnie Elliott Steam tug & Co, arrive chez les armateurs Simon & Duteil : « CAPITAINE DU WARRIOR ACTUELLEMENT BREST - DEMANDE QUELLES SONT PROBABILITES RELEVER ANTOINETTE - SE TIENT A VOTRE DISPOSITION. » Charles Simon et Lucien Duteil sont furieux. De l'humour Anglais, peut-être...
Il faudra deux jours pour que l'équipage aidés de quelques locaux débarrassent le navire de tout ce qui peut être sauvable. Le matériel est entreposé dans un hangar fourni par M. Lautredou, tandis que les instruments de navigation et les cartes sont mis en lieu sûr, au local des douanes. Les membres valides de l'équipage, dorment sur la plage, abrités sous une tente, afin de se prémunir des pillages. L'« Antoinette » devient l'attraction locale qu'il faut avoir vu...
M. Huau, agent de la Lloyd's à Brest est contacté par Simon & Duteil. Commencent alors des tractation pour le sauvetage de l'« Antoinette ». Plusieurs scénarios sont échafaudés tous basés sur l'idée que le sauvetage du navire est encore possible. Plusieurs sociétés de sauvetage sont contactées, tant en France qu'en Allemagne, au Danemark et en Suède. Aucune les propositions n'est intéressante pour Simon & Duteil. Les armateurs Nantais décident de faire appel aux assureurs.
Le 15 janvier, les membres de l'équipage quittent Trégennec et rentrent à Saint Nazaire.
La position du navire a encore changé : c'est le flanc bâbord qui est maintenant exposé aux vagues. La coque de l'Antoinette se brise en deux...
Le 17 janvier, l'« Antoinette » est mise aux enchères à Quimper par Me Le Tolguennec, commissaire-priseur.
C'est Félix Clergeau, commerçant-négociant à Pont-l'Abbé qui se porte acquéreur du matériel sauvé et de l'épave de l'Antoinette pour la démolir.
Le 10 mars (!), l'Antoinette est désarmée.
Le 18 mars, Félix Clergeau reçoit l'autorisation de démantèlement délivrée par les Douanes. C'est Monsieur Cognac, mécanicien à Pont-l'Abbé, qui sera chargé des travaux.
Le 15 mai 1912, commence le démantèlement. La démolition complète prendra environ un an.